MARA GOLDBERG BIO CONTACT EXHIBITIONS SCENOGRAPHY (1984-94)

COPY


OPTIC NERVE AND RUFFINI ENDING


DECOPY


CHARTS


GENAILLE-LUCAS RODS


HOLLOWED


UNBOUND


HANDLE


CHINESE GRID


CUTOUTS


KNOTS, NETS


INSTRUCTIONS

TEMPLATES

EXPERIMENTS



EARLY WORKS SCENOGRAPHIES MOLLES


PHOTOGRAPHIC

SIMULATIONS


8 WORKS/ACTIONS

WORK © Mara Goldberg 2013-2023

OPTIC NERVE AND RUFFINI ENDING, 3 QUESTIONS

Sebastian Egenhofer à Mara Goldberg, avril 2010.



Q : Tant de temps écoulé à travers ces structures poreuses – quel effet ce processus avait-il sur toi ?


R : Pour moi, la consommation de temps représentait le processus qui se consumait, matérialisé par les strates de dessins. Cette ‘épaisseur’ était libératoire. Il s’agissait de ‘faire’, plus que de finaliser un ‘objet-image’ saisissable. La tâche de copier générait un vertigo d’‘hyper’ concentration et procurait un sentiment de dépossession libérateur. Mon intention était de produire de façon détachée. Copier sans réfléchir - remplir la page mécaniquement - comme on remplit les formes disjointes d’un livre de coloriage. Les outils œil-main étaient des ingrédients pour alimenter la machine. La structure/cadre, les ‘stem-diagrams’ (diagrammes-souche), la syntaxe de la répétition en chaîne, tout cela était planifié. Mais en fait, l’acte de produire a dépassé le cadre intentionnel et conceptuel fixé. C’est devenu une expérience, un cheminement. Répéter les mêmes formes était comme passer par un même endroit avec un œil différent. Basculer d’un espace mental à l’espace ‘réel’. Les vues en gros-plan du Nerf optique et des Terminaisons de Ruffini devenaient des objets renvoyés en sujets par l’action de mes propres yeux et de ma main, cristallisant ainsi la contradiction entre détachement et sur-implication.


Q : Quelle est la relation entre ce processus et le résultat, et la perception du résultat ?


R : Les résultats sont multiples : la matière visible qui véhicule ce qui n’est pas ‘traçable’, l’expérience - la mienne - en tant qu’artiste opérant le procédé et celle de la personne qui le re-fait visuellement et mentalement.

La matière visible a deux formes : les dessins bruts en-soi, et le livre.

- les dessins (x 60) sont pure accumulation de matière, en pile, tas, ou bloc mural, mesurable en quantité numérique ou en épaisseur. Ils sont le résultat du procès, en tant qu’ensemble, en tant que corpus, mais aussi en tant que potentiel générateur.

- le livre ‘Optic Nerve and Ruffini Ending’ est un objet imprimé, une re-production qui unifie dans une forme fluide et linéaire le travail. Cette nouvelle forme crée par le Studio Luc Derycke efface la matérialité physique des dessins et transforme mon travail, le met en circulation et lui donne une visibilité publique. Mon projet ne s’identifie pas au livre. Il reste autonome dans l’espace ‘Livre’, comme il le serait à l’intérieur d’un espace de pièces et de corridors, et ces deux structures, celle de l’espace ‘Livre’ et celle des copies de dessins, se mêlent et produisent un nouveau travail.

Le relation entre processus et résultat n’est pas une forme objectivée, ou ce qui est donné à voir, mais l’espace, l’écart ou délai entre un dessin et celui qui suit. Ce ‘délai’ s’est produit dans l’acte de faire les dessins. Cela n’a pas de forme et peut, j’espère, se re-produire maintenant en regardant.


Q : Pourquoi les ‘derniers’ perdent-ils leur fluidité organique - avec des lignes plus droites et tordues ?


R : Les dessins des quatre séries ont tous été faits de la même manière, sans omettre un seul détail, selon un balayage visuel intuitif et mécanique. Pas d’esquisse, mais un chemin répété de A à B, le même pour les deux séries Optic Nerve, et un autre pour les deux séries Ruffini Ending. Malgré ce même cadre identique, les copies sont devenues de plus en plus noires et denses, avec une concentration de matière. A l’évidence, le cerveau schématise et sépare, différencie et re-connecte ce qu’il connaît parmi le chaos de formes. Il y a une re-connaissance et adoption. Cette digestion mentale produit des structures et sub-structures de formes subjectivées. La perte de l’organique serait donc lié à l’augmentation de la ‘connaissance’. Ce processus mental est imprévisible, incontrôlable et sans fin. Cette logique a le pouvoir de produire des formes nouvelles, déployées à l’espace et au plan. C’est un outil pour faire de l’art.


(Traduit de l’anglais)

< >

eng / fr