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SCENOGRAPHIES MOLLES

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© Mara Goldberg 2013/2024

Scénographies Molles                                                                                                                        fr


J'appelle ce que je fais "scénographies molles".

Il s'agit d'espaces autonomes et rudimentaires occupés par des éléments mous (masses couchées, suspendues, dans un coin…).

Ces masses molles sont informes, non-narratives, artificielles.

Elles meublent.

J’utilise la mollesse dans le sens d 'inconfortable, de non-possessible, d'état existentiel. Il n'y a pas de référence au corps ou à des lois de transformation de phénomènes naturels.

Les "scénographies molles" existent dans différentes formes: simulations photographiques où j'utilise le moyen photographique pour simuler un espace, formes réduites qui sont des espaces que l'on peut tenir dans la main (carton, pâte à modeler...), et grandeur réelle où l'espace est pénétrable: construction simple dans laquelle on peut circuler, avec des éléments mous en latex, fourrure, textiles divers, etc.


Projet

Réaliser une "scénographie molle " en grandeur réelle d'environ 20m2.

L'espace est défini par une structure rudimentaire (hauteur 2,50 m, sans plafond, 2 ouvertures) avec des parois à l'intérieur sur les 4 côtés en carton ou bois léger peint. Le sol est vert pâle. Un ensemble de 5 éléments mous (textile noir rembourré) suspendus et au sol, occupe l'espace.

Cette "scénographie molle" est un espace en soi, praticable et autonome, qui peut exister n'importe où.


Mara Goldberg, mars 93




A propos des "Scénographies Molles"


J'ai commencé à faire ce que j'ai nommé "Scénographies Molles" en 1989. Le terme "Scénographies Molles" regroupe différentes sortes d'espaces que je réalisais en 2 ou 3 dimensions: Simulations Photographiques (photos de dispositifs spécifiquement échafaudés pour la prise de vue puis détruits), Formes Réduites en carton et pâte à modeler, et espaces avec sculptures physiquement accessibles. Pour moi, ces modes de formalisation différents – simulation, réduction, "physicalité" étaient équivalents et flexibles, permettant de basculer d'un espace mental à une confrontation physique.

La mesure n'est pas une mesure donnée par une norme établie ou par une représentation d'un espace existant. La question de l'échelle vient du travail lui-même, en relation au regardeur – qu'il s'agisse d'une "Scénographie Molle" physiquement accessible et ‘confrontable’ sous forme d'une sculpture, ou bien d'une image photographique simulant les 3 plans d'un espace, ou encore d'une réduction d'espace de la taille d'une "boîte".

Les "Scénographies Molles" sont des espaces qui affirment leur position sans relation à un contexte architectural, à une installation ou à un cadre prédéfini. Les "Scénographies Molles" affirment un concept spatial. La mollesse est ce qui est inconfortable, non saisissable et dont la masse meuble et occupe l'espace. La mollesse impose une force de résistance.


Les "Scénographies Molles" en forme réduite n'ont jamais été des projets à agrandir ou des modélisations. Ce sont des espaces en soi, que j'ai conçus selon une logique d'espace arbitraire et dans une économie de construction et de représentation minimum:

- plan horizontal + 2, 3 ou 4 murs

- le contenant / la forme meublant ce contenant.

La réductibilité de l'espace à la dimension de "boîte" est une manière de concentrer la vision et en même temps d'élargir au maximum la dimension. Cette sorte "d'élasticité" de l'échelle crée une situation simultanée: on est face à un espace-objet qu'on peut prendre dans la main, et cet espace est aussi hors mesure, dé-mesuré. C'est dans cette même logique que j'ai plaqué au mur des images photographiques pour agrandir, inciser ou au contraire aplatir le champ perspectif. J'ai choisi les matériaux qui permettent une utilisation directe et non sophistiquée – formes molles en pâte à modeler, structures contenantes en carton brut, peint ou recouvert de neige, vinyle, daim, image de livre, catalogue ou carte postale. Certaines "Scénographies Molles" sont conçues pour une vision à hauteur d'œil: frontales en 3 plans (1989), structures simples, subdivisions et remplissage de formes en carton (1990), photos/murs peints avec ouvertures (1991-1993), d'autres doivent être vues du dessus en panoramique: espaces multiples (1993-1995).


Mara Goldberg, 5 Décembre 2007



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