Mara Goldberg 8 WORKS/ACTIONS Text Fr

8 TRAVAUX / ACTIONS, 1990 (Mont-Tonnerre)

Ces 8 travaux/actions datant de 1990 ont été réalisés et installés dans une parcelle vide située 12 impasse du Mont-Tonnerre à Paris, mitoyenne de l’endroit où j’habitais à l’époque, à quelques pas de la Tour Montparnasse. Ces travaux étaient liés aux questions d’occupation d’espace qui me préoccupaient en tant qu’artiste, et scénographe (à l’époque), et à mon engagement dans la lutte contre une opération spéculative immobilière qui expulserait les riverains et détruirait le quartier. Ce projet s’appuyait de manière opportuniste sur l’extension future du Musée Antoine Bourdelle, dans un quartier structuré en allées avec un fort réseau local et marqué par les traces historiques du Montparnasse des années vingt. Le quartier fut finalement sauvé de démolition en 1986 grâce à la résistance militante locale et à l’Association des Impasses du Mont-Tonnerre et de l’Astrolabe.

En 1990, le 12 impasse du Mont-Tonnerre, anciennement un garage de réparation automobile, était laissé inoccupé avant la construction de la nouvelle aile du musée. Avoir juste à côté de son immeuble un tel espace extérieur, vaste, vacant et secret, invisible de la rue et connu de personne, était assez dingue. J’ai donc décidé de m’en servir et de l’occuper moi-même en entreprenant ces 8 actions, et transportai mon travail pour l’installer à l’air libre, puis le détruire. J’utilisai ce qui était là sur place : contreforts, coins, sol, "nature" fabriquée ou en friche, les ingrédients disponibles. Je réalisais des formes basiques, sortes d’outils de mesure, en matériaux peints (carton, tiges) et trouvés.

Les 8 actions étaient : M² (jaune et orange), M3, Mesure, Pince, Abri, Mesure (parallélépipède orange), Ex-tendu.
Les seuls documents sont quelques photos et notes, jamais exposées ni montrées.

Le motif de cet ensemble de travaux/actions est ‘occupation d’espace’, ‘scénographies précaires’ comme noté à l’époque, en étant debout, allongé, discrètement là. Ces œuvres coexistaient parmi les autres ‘occupants’ tels que graffitis, poubelles, vieux matelas, fleurs sauvages, sable et herbe. L’idée était la ‘mesure’, qu’est-ce qu’un mètre carré, comment compter, comment se mesurer, là, ici, dans un environnement urbain spéculatif, surplombé d’une tour haute de 60 étages? Habitat, tente, couverture, abri, boîte, stable, fragile, vide, plein. Il s’agissait de mesures et de questionnements, partant tout simplement de ma propre mesure, mon corps.

Ce projet de publication veut poser et finaliser, comme je l’ai fait pour la série des "Simulations photographiques", ce qui n’avait pas d’autre forme que des photos instantanées, mais ici les photos ont le statut de document de ces 8 œuvres/actions.

Mara Goldberg, octobre 2023